La pétition, munie de 1152 signatures, a été remise à l’Université de Lausanne le 23 mars.
Pour que l‘Université de Lausanne révoque le Doctorat honoris causa de Benito Mussolini et salue la mémoire du professeur Jean Wintsch
En 1937 l‘Université de Lausanne décorait le dictateur fasciste Benito Mussolini „pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l‘histoire une trace profonde“ en lui attribuant le plus haut titre honorifi-que qu‘une université peut décerner : le Doctorat honoris causa.
A l‘époque de cette décoration, le régime fasciste de Benito Mussolini existe depuis 15 ans. Il est marqué par la destruction de la démocratie représentative, la répression des oppositi-ons politiques et la violence politique. En novembre 1936, le régime fasciste italien scelle une alliance avec le nazisme, connue sous le nom d‘Axe Rome-Berlin. En mars 1937, l‘armée italienne a déjà fait d‘horribles ravages en Ethiopie (usage massif de gaz de combat, massacres de la population, entre autres). Et ce n‘est là que l‘une des nombreuses manifes-tations d‘un fascisme européen qui a laissé cyniquement – comme le prédisait les mentions accompagnant le titre – une trace profonde dans l‘histoire.
A l‘approche du centenaire de l‘arrivée de Mussolini au pouvoir en Italie, il est temps de de-mander à l‘Université de Lausanne de revenir sur la décision et de révoquer cette décora-tion. Il est également temps de saluer le geste du professeur Jean Wintsch, professeur de psychologie appliquée à l‘École des sciences sociales et politiques, qui s‘est opposé dans une grande solitude à ce que cet honneur lui soit remis à l‘époque.
L‘attribution d‘un titre de doctorat h.c., comme tout événement historique, ne peut et ne doit pas non plus être oubliée. Au contraire, les événements historiques peuvent et doivent être continuellement approfondis et réinterprétés afin qu‘ils deviennent une source d‘apprentis-sage continu pour les générations successives. Cette réinterprétation continue peut et doit également conduire à des décisions sur des choix effectués dans le passé. C‘est ainsi que l‘on peut présenter des excuses aux victimes d‘abus passés, indemniser les victimes de cri-mes passés ou réhabiliter ceux qui ont été lésés dans le passé.
Dans le cas spécifique du doctorat décerné à Benito Mussolini, il nous semble qu‘aujourd‘hui est non seulement un moment historique, mais aussi un moment d’actualité pour reconsidé-rer le choix adopté par l‘Université de Lausanne. Moment d‘actualité parce que nous assis-tons aujourd‘hui à des actes de violence contre des millions de personnes, inspirés par des idées et des valeurs dont la matrice est similaire à celle du mouvement de Mussolini il y a cent ans.
Soutenant le postulat déposé par Elodie Lopez au Grand Conseil vaudois, les signataires de la pétition sollicitent l‘Université de Lausanne par le biais du Rectorat à
-révoquer le Doctorat h.c. décerné en 1937 à Benito Mussolini;
-rendre honneur au Professeur Jean Wintsch qui s‘était opposé à cette attribution.
Cet acte serait l‘expression de respect dû aux millions de victimes et soulignerait la défense des valeurs de qui s‘oppose aujourd’hui à la résurgence des idées et des attitudes qui, il y a cent ans, ont constitué le début de la plus grande terreur que le monde ait connu au XXe siècle.
De cette façon, la remise du doctorat à Mussolini deviendrait une occasion de réflexion et les mesures demandées des leçons uniques et importantes pour les générations actuelles.